Des rives, émission retransmise en clair par Berbère Télévision, dimanche 26 décembre 2010 à 21 h.
« Quand j’entends les talons qui claquent, j’entends les cerveaux qui se ferment ». Cette phrase de Lyautey résume bien le refus de Guy Beaujard d’embrasser la carrière militaire voulue par son père, dont il gardera les souvenirs douloureux de l’éducation sévère qu’il a reçue.
Après des études secondaires à l’école militaire des Enfants de Troupe aux Andelys en Normandie, Guy Beaujard part, à dix-huit ans, enseigner à Tifrit Nait Oumalek en Haute Kabylie, au moment même où la guerre y fait rage. De cette expérience naîtra un roman, Les Couleurs du Temps, paru en 2008.
Dans cet entretien pour l’émission Des Rives, l’auteur, passionné d’écriture depuis son enfance, nous raconte avec émotion le parcours qui le mènera de l’école des Enfants de Troupe à l’Algérie ; s’il a refusé de se soumettre à la volonté de son père qui voulait faire de lui un « bon militaire », c’est avant tout pour faire la guerre à sa manière, non en combattant, mais en enseignant aux enfants de colonisés.
En évoquant son départ vers l’Algérie, le chemin qui l’a mené à Tizi Ouzou puis à Tifrit Nait Oumalek et l’accueil qu’il a reçu des gens du village qui le surnommaient « le protégé », Guy Beaujard, qui a longtemps cru que « [son] histoire n’intéresserait personne », retrace le passage symbolique de l’enfance à l’âge adulte pendant ses trois années d’enseignement qui ont été pour l’écrivain une véritable quête d’indépendance en pleine guerre d’Algérie.
Lui-même résume ainsi son parcours : « Je suis parti à la conquête de mon indépendance individuelle pendant qu’ils partaient à la conquête de leur indépendance collective ».