La forêt d’Akfadou, qui s’étend de la wilaya de Tizi Ouzou jusqu’à celle de Béjaïa, subit une destruction massive.
Déforestation au quotidien 12 avril 2008
Les services des forêts se contentent d’établir des constats mais n’agissent pas sur le terrain pour réprimer les contrevenants. Les écologistes de la région n’arrivent pas à contenir le phénomène qui prend une dimension alarmante.
« Il y a plus de personnels dans les bureaux que sur le terrain, alors que cela devrait être le contraire.On ne protège pas nos forêts en restant cloîtrés dans des bureaux climatisés ! », s’est indigné le président de l’Association scientifique pour la protection de la nature et de l’espèce animale. Selon lui, les services des forêts paraissent complaisants devant les destructeurs des arbres.
Les temps ont changé. En effet, les gardes champêtres qui sillonnaient à cheval, matin et soir, de larges étendues de forêts qui constituaient un précieux abri et un espace de reproduction à plusieurs espèces animales comme le singe, le chacal, le sanglier, une multitude d’oiseaux et même des essaims d’abeilles, avaient un pouvoir dissuasif. « Nous ne comprenons pas comment des quantités importantes de bois de chauffage et de pieds droits, ces jeunes arbres d’à peine 10 à 20 cm de diamètre, peuvent être coupés, déplacés et emportés avec une facilité déconcertante !
Depuis une dizaine d’années, on n’a procédé qu’à quelques saisies de chargements mais pas plus », ajoute notre interlocuteur. L’abattage des arbres est justifié par le chômage. Dans la forêt de l’Akfadou située dans la daïra de Bouzeguène et qui se prolonge dans les communes d’Ifigha et de Yakouren, reliant la wilaya de Béjaïa, « les trabendistes » du bois connaissent bien leur métier. Ils s’inscrivent aux subdivisions des forêts (Azazga ou Idjeur), s’acquittent de leurs droits en contrepartie d’un bon de paiement.
Et avec leurs tronçonneuses, les voilà, le lendemain dans les bois sévissant sans retenue dans la forêt qu’il considèrent comme un bien personnel.
La délivrance d’un bon de paiement par les services forestiers ne constitue, en fait, qu’une couverture pour s’adonner, ensuite, à un massacre ininterrompu. Si des saisies, que l’on peut compter sur les doigts d’une seule main, ont été opérées, elles témoignent en tout cas de l’existence d’un trafic beaucoup plus important constituant la partie invisible de l’iceberg. Certains ont même « privatisé » certains espaces en les délimitant par des repères. Le ballet des tracteurs chargés d’arbres dont le prix varie entre 8 000 à 10 000 DA est incessant. Pourtant, la loi est bien claire. Des amendes et des peines de prison sont prévues en application de l’article 75 de la loi 84/12 portant régime général des forêts. Cette loi, bien sûr, s’applique à certaines catégories d’arbres protégés comme le cèdre, protégé par la loi 83/03 du 5 février 1983.
Au regard du désastre, les peines à encourir sont insuffisantes pour ces crimes commis aux dépens de l’environnement.
Par Lies Adli