Créateur de talent. Brahim Saci fait partie des rares chanteurs kabyles, vivants, qui ont un style bien propre à eux. C’est un artiste hors pair. Brahim Saci est, incontestablement, l’un des géants de la chanson kabyle. Mais les médias parlent bien peu de lui. Il a fallu des passages sur la chaîne berbère (BRTV) pour que le grand public découvre cette voix unique.
Ce fils de la Kabylie a très tôt baigné dans les arts. Déjà enfant, il était fort doué en dessin, il devint des années plus tard, dessinateur, caricaturiste.
Après une licence en langues étrangères appliquées, puis en affaires et commerce, et une maîtrise en anglais, traduction scientifique et technique, il se passionne pour la musique et en approfondit l’écriture.Il devint alors auteur, compositeur, interprète d’expression franco-berbère. Animateur à Radio Beur en 1992, à Radio France Maghreb en 1995, de 1993 à 1997. Il présente des rubriques littéraires dans le domaine berbère à Bellovaque FM. A Beur FM de 1996 à 1997, à France Maghreb FM de 1998 à 2000, il présente, aussi, des rubriques sur l’histoire antique des Berbères. "Slimane Azem est le seul qui a su le mieux décrire les sentiments collectifs de l’époque, il fut le porte-parole de tout un peuple pendant près d’un demi-siècle.
La beauté du verbe que j’ai rencontré chez Baudelaire, je l’ai retrouvée chez Slimane Azem. Mais il avait quelque chose de plus car il était une légende de son vivant, il était un grand philosophe et un grand visionnaire", estime l’artiste au sourire intarissable.
Comme Da Slimane, Saci chante la nostalgie du pays. Vivre dans un pays qui n’est pas le nôtre est, souvent, une souffrance incommensurable. On peut avoir de l’argent et goûter à tous les plaisirs de la vie, mais rien ne remplace sa patrie. On a toujours un grand attachement à la terre qui nous a vu naître, à la terre qui est une seconde mère pour nous. "J’ai eu la chance de rencontrer des amis de Slimane Azem, on mesure très bien la grandeur du poète car quand ceux-ci parlent de lui, c’est à chaque fois les yeux pleins de larmes.
Un jour de 1995, je marchais dans la rue dans le dix-septième arrondissement de Paris quand un homme me tape discrètement sur l’épaule. Je me retourne, et je vois un vieil homme. Il me prend affectueusement dans ses bras et me dit: “Vous êtes Brahim Saci, je suis heureux de vous voir, je vous ai reconnu pour vous avoir vu dans un spectacle. Moi je suis un ami de Slimane Azem.” Très ému il me proposa un café que j’acceptais avec plaisir. Il me dit: “Ah! Mon fils, si Slimane t’avait connu, il t’aurait sûrement légué sa ferme à Moissac. Il cherchait en vain un garçon intelligent comme toi, il aurait fait de toi son héritier. Ta ressemblance avec lui est une bénédiction." Je lui proposais alors d’aller rendre visite à la femme de Slimane Azem à Moissac. Il me dit qu’il allait d’abord l’appeler pour lui demander si elle acceptait de nous recevoir.
Une semaine après, je l’ai eu au téléphone, il me dit: "J’ai bien téléphoné à Malika Azem, mais elle m’a dit qu’elle était souffrante et qu’elle n’était pas prête à nous recevoir. Nous irons quand elle ira mieux." Le temps a passé, Lucienne Azem mourut en 1996, paix à son âme. J’avais pourtant essayé d’aller la voir avec Mouloud Azem en 1993-1994, mais on remettait toujours le voyage à un autre jour, le destin en a voulu autrement, nous n’y sommes jamais allés.
La ferme fut vendue à des paysans français du coin. Aucune association berbère ne s’y est intéressée, sinon elles l’auraient achetée, et la maison de Slimane Azem serait aujourd’hui un musée pour les générations d’aujourd’hui et de demain. Hélas! Le destin en a voulu autrement, qui aurait cru qu’un jour la maison du grand Slimane Azem serait achetée par des paysans français. Les souvenirs, tout ce qu’a laissé Slimane seraient-il donc à jamais perdu? Ses trois hectares de terre qu’il aimait tant cultiver, où il a sans doute composé ses plus belles chansons, les arbres qu’il a greffé avec des greffons qu’on lui a apporté de chez lui en Kabylie? Ainsi est le destin tragique du poète. Puisse-t-il un jour reposer dans sa terre pour laquelle il a sacrifié son existence?" S’interroge, sans cesse, Saci dans une interview réalisée à Paris par V. Thibert.
Ce chanteur est vraiment singulier. Non seulement il incarne l’auteur de A yaâssas n tala ; ? fontaine, mais c’est quelqu’un de très sympathique. C’est aussi un grand humaniste. Il n’a pas la grosse tête de nos pseudos stars.
Il reste modeste malgré tout ce qu’il a produit dans le domaine de l’art. C’est entres autre, pour ces raisons, qu’il incarne Slimane Azem. Ce fils de la Kabylie a très tôt baigné dans les arts. Déjà enfant, il était fort doué en dessin, il devint des années plus tard, dessinateur, caricaturiste. Après une licence en langues étrangères appliquées, puis en affaires et commerce, et une maîtrise en anglais, traduction scientifique et technique, il se passionne pour la musique et en approfondit l’écriture.
Yasmine Chérifila dépêche de Kabylie du 15/03/2007