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Cherf Si Ahmed du nom de guerre « Si Chrif », est né le 15 juillet 1927 à Tifrit n’Ath Oumalek, au sein d’une famille de paysans modestes. Pour mieux appréhender son parcours, il est essentiel de mentionner un individu nommé « Mokrane » ainsi que son frère « Md Ouidir », qui, orphelins de père, ont été élevés grâce aux soins dévoués et aux sacrifices de leur mère, « Aini Nat-el-Mouhoub ». 

Très unis et conscients de leurs responsabilités, les deux frères se soutenaient mutuellement. Tandis que l’un se consacrait entièrement aux travaux agricoles du village, l’autre se rendait en France pour subvenir aux besoins de la famille. De plus, ils alternaient leurs rôles chaque année afin d’assurer une répartition équitable des tâches.

À l’âge adulte, conformément aux traditions kabyles, la répartition des biens familiaux eut lieu, permettant à chaque frère de fonder son propre foyer. Mokrane épousa Ouerdia Ouaichouche, originaire d’Ath Yahia (Acif El Hamam), et ils eurent neuf enfants, parmi lesquels Ahmed, le personnage de cette histoire.

Dès son jeune âge, Ahmed a fait preuve d’une maturité et d’une sagesse remarquables, devenant rapidement le pilier de sa famille. Avec un courage exemplaire, il est devenu le soutien indéfectible des siens. Aux côtés de son père, il s’est engagé dans les travaux agricoles et l’élevage, veillant à la prospérité de la communauté. Dans un souci d’efficacité accrue, il prit la décision de quitter son pays pour se rendre en France en 1955, animé par l’ambition sincère d’améliorer le quotidien de ses proches.

Avant son départ, Ahmed avait déjà été influencé par les idéaux du mouvement national algérien (MNA) dirigé par « Messali Elhadj » et suivait attentivement les actions révolutionnaires du FLN, qui luttaient pour la libération de son pays. À son arrivée en France, il rejoignit les rangs du FLN, où il établit des liens étroits avec d’autres partisans. 

Sur le terrain, Ahmed fit preuve d’un courage exceptionnel. Sa bravoure, nourrie par ses convictions profondes, en fit un pilier aux côtés de ses frères d’armes dans leur lutte pour l’indépendance de leur chère Algérie. À chacun de ses passages dans les forêts avoisinantes son village, il trouvait toujours un moyen d’envoyer un peu d’argent à ses parents, les aidant ainsi à subvenir aux besoins de la famille durant ces temps difficiles. Son engagement et son audace suscitaient une immense fierté chez ses proches, bien qu’ils s’inquiètent constamment pour sa vie.

Dans cette vie de maquisard, il a pu faire quelques visites à sa sœur Louisa, dans le hameau isolé d’Ath Sidi Amar (Bouzeguene), elle observait en silence l’homme qu’il était devenu. À chaque rencontre, elle pouvait lire sur son visage les marques de ses expériences de plus en plus évidentes. Elle raconta qu'un jour, elle remarqua une tache sombre et brûlée sur la manche de sa chemise — l’empreinte d’une balle, symbole des dangers qu’il affrontait. Cette image l’avait profondément touchée, mais elle n’osa rien dire, consciente que pour lui, son silence était sa manière de les protéger.

Cependant, ces visites attirèrent l’attention. Un jour, des membres du camp ennemi se rendirent chez Louisa, la suspectant. Elle fut soumise à un interrogatoire pressant, cherchant à élucider la raison de ces visites discrètes. Bien qu’elle fût saisie par la peur, Louisa resta ferme, calme et déterminée, réussissant ainsi à protéger le secret de sa famille et de son frère.

En 1961, Ahmed participa à une offensive significative contre un poste colonial à Ath Aissi (Yakourene). L’attaque, soigneusement orchestrée par les moudjahidines, fut couronnée de succès, mais l’armée française réagit avec une brutalité extrême, bombardant sans relâche les forêts environnantes. C’est dans ce contexte qu’Ahmed fut gravement blessé à la tête par un éclat d’obus. Il fut transporté dans un hôpital de fortune près de Bounaamane, où il passa plusieurs semaines entre la vie et la mort. 

Un jour, alors qu’il pensait s’être rétabli, malgré les avertissements de ses camarades, il insista pour les accompagner en embuscade. Éprouvé, il finit par succomber en chemin en 1961, quelque part dans la forêt de « Chaara », près de Yakourene. 

Ce n’est qu’après l’indépendance en 1962 que ses restes furent rapatriés par son père, ses frères et ses camarades de lutte pour être inhumés à Tifrit n’Ath Oumalek. Son décès héroïque et son engagement profond ne furent pas oubliés. Le colonel Mohand Oulhadj, leader et chef respecté de la Wilaya III, envoya un représentant auprès de son père, Hadj Mokrane, peu après le 5 juillet 1962. Par la suite, le colonel se rendit personnellement pour exprimer son souhait de rencontrer « Mohand Amokrane », le fils d’Ahmed. En voyant cet enfant, le colonel fut profondément ému, les larmes aux yeux, reconnaissant la valeur de celui qui avait sacrifié sa vie pour la nation et l’avenir de son peuple. 

Le sacrifice d’Ahmed a créé un vide immense au sein de sa famille. Sa mère, Ouerdia, a été profondément touchée par la perte de cet enfant valeureux, venu s’ajouter aux tragiques disparitions de trois autres de ses fils. 

Le chahid Cherf Si Ahmed demeurera gravé dans les mémoires comme un homme exceptionnel, respecté par ses camarades d’armes et par tous ceux qui ont eu l’honneur de le connaître. Qu’il repose en paix dans l’au-delà. Il a sacrifié sa vie pour que nous puissions jouir de la liberté aujourd’hui. 

En mémoire des martyrs, nous évoquons les versets sacrés du Coran :
 «Ne pense pas que ceux qui sont tombés pour la cause de Dieu sont morts. Au contraire, ils sont vivants auprès de leur Seigneur, pourvus de toutes choses. » 
Que Dieu leur accorde sa miséricorde, ainsi qu'à tous les martyrs dignes.

Tifrit info d'après l'excellente contribution de Y. Cheref.