Les Khouans et autres adeptes :
Enfin, vient, au dernier échelon de la hiérarchie, la masse des adeptes qui sont différemment qualifiés, suivant les confréries auxquelles ils appartiennent : leur nom générique est khouan (frères), dans l'Afrique septentrionale, et derouich en Orient ; mais, en réalité, ces qualifications, qui rappellent sans cesse à l'affilié le lien intime qui l'attache à ses coreligionnaires alimentés à la même source divine, la Tariqa, ne sont employées la première, que dans les ordres dérivés des Khelouatiya, particulièrement dans celui des Rahmaniya, et la seconde dans ceux issus des doctrines chadéliennes, principalement dans celui des Dérkaoua.
Les Qadiriyas et leurs dérivés ont conservé le nom illustre de adjir (locataire). Les Tidjaniyas appellent leurs adeptes as'hab (compagnons) et les confréries locales (Cheikhiya, Ammariya, Sellamiya ou Soulamiya, Boualiya), ayant, généralement, un marabout comme patron, les nomment Khoddam (serviteurs). Ajoutons, pour mémoire, que les adeptes des confréries sont parfois désignés, par les autres croyants et par leurs supérieurs eux-mêmes, sous le nom « d'as'hab » les compagnons, les amis ; souvent aussi ils complètent cette désignation en disant As'hab-el-fetoua, compagnons de la décision ; As'hab-el-bissat, compagnons du tapis ou de la natte (servant à la prière) ; As'hab-et-Tariqa, compagnons de la voie ; As'hab-ech-ChebdAs'hab-el-ied, compagnons de la main. Ils disent aussi, pour l'ensemble de l'ordre, Ahl-el-Tariqa, les gens de la voie, etc.
compagnons du zèle, du lien à la même foi
Les faveurs célestes auxquelles aspirent les adeptes d'une confrérie, à quelque degré de la hiérarchie qu'ils appartiennent, ne sont pas exclusivement réservées aux hommes : les femmes bénéficient aussi de la mâne bienfaisante que répandent le cheikh fondateur et ses disciples ; comme conséquence, elles obtiennent leur affiliation à l'Ordre de leur rêve et parviennent même jusqu'au grade de moqaddem, féminin, moqaddemat. On les désigne sous le nom générique de Khaouniat ou Khouatat, féminin pluriel de Khouan.